[TUTO] AEROGRAPHE

[djordan]

Fonctionnement d'un aéro

De l'air sous pression, arrivant par le canal central de l'aéro, crée une dépression qui va aspirer la peinture, qui mélangée à l'air, va être pulvérisée en une fine brume. Cette technique permet d'obtenir une couche très fine et régulière ainsi que des dégradés de teintes. Certains diront alors que la peinture en bombe fait aussi bien l'affaire, mais (à mon avis) ils se trompent parce qu'un spray ne permet pas de moduler la pression, ni la quantité de peinture sortant et il ne permettra pas de travailler finement. La peinture en bombe n'est à mon avis utile que pour les vernis et pour les teintes unies (par exemple pour pré-peindre votre aéronef en alu).

Cependant, il existe deux types d'aérographe ne permettant pas la même qualité : le "simple action" et le "double action".

Le "simple action" :

Il permet en général de modifier uniquement le débit d'air, (celui que je possédais commandait uniquement le débit de peinture). Étant peu coûteux, il est plutôt destiné aux maquettistes débutants ou peu exigeants, son large diamètre de pulvérisation ne permettant pas de travailler dans le détail. C'est avec ce simple action de Revell que j'ai débuté !

Le "double action" :

Il permet non seulement de contrôler le débit de l'air mais également celui de la peinture, et ceci avec un levier unique (presser pour plus d'air et tirer pour plus de peinture). Par cette dernière action, le levier entraînera une aiguille qui, en reculant, créera un espace plus important entre celle-ci et la buse, qui laissera donc une plus grande quantité de peinture passer. Ce maniement peut sembler compliqué, mais avec un peu d'exercice, vous parviendrez rapidement à le maîtriser. De plus, certains aéro dispose maintenant d'un levier et d'une molette pour le débit de peinture. Un aéro à double action présente le gros avantage de la précision et de la finesse du "trait" obtenu. Ce qui vous permettra de peindre des mouchetis ou des "vermicelles" allemands par exemple, ainsi que des effets de patine et des fumées d'échappements du plus bel effet !!! Comme je l'ai déjà dit, le seul gros inconvénient reste le prix (environ 225FS soit ~150€). J'en ai cependant trouvé un à 90FS qui fonctionne très bien et qui me satisfait pour l'instant.

Les sources d'air

Il existe trois principales sources d'air : la bombonne d'air comprimé, les compresseurs de type industriel ou à membrane et les compresseurs à bain d'huile, silencieux.

La bombonne d'air comprimé :

Solution intéressante pour un débutant vu son faible prix à l'unité, elle sera cependant très coûteuse à long terme. De plus, le débit de l'air n'est pas constant, ce qui représente un inconvénient de poids lorsque vous désirez peindre un camouflage compliqué. Préférez-y un compresseur qui sera bien plus rentable et permettra une plus grande précision.

Les compresseurs à membrane et industriels :

Le plus gros inconvénient de ces compresseurs est qu'ils sont très bruyant, inconvénient non négligeable pour le confort de soi-même et de ses voisins ! Leur prix est cependant très intéressant puisque de moitié par rapport au compresseur à bain d'huile dient silencieux. Je ne conseille pas ce modèle, sauf s'il est de "deuxième génération" et donc moins bruyant.

A débit directe :

Ce sous-type offre une pression constante mais non variable en général, ce qui n'est pas beaucoup plus avantageux que pour la bombonne. Ils n'ont pas de réserve d'air et donc fonctionnent sans interruption; ils s'arrêteront donc automatiquement pour laisser refroidir le moteur.

Avec cuve :

Ceux-ci, étant équipés d'une réserve d'air, sont déjà beaucoup mieux, puisqu'ils ne fonctionneront pas en continu (silence plus ou moins long selon la taille de la cuve). La pression de l'air est de plus généralement variable.

Les compresseurs silencieux à bain d'huile (silencieux)[/u] :

Le seul véritable mais important inconvénient de ce type de compresseurs est l'investissement qu'il faudra faire. Cependant, il est à la hauteur du produit. Ce dernier est silencieux et possède une cuve de réserve d'air (en général). Lorsque celle-ci est remplie, le moteur s'arrête automatiquement puis redémarre lorsque la cuve a atteint un certain niveau. (Certains modèles disposent d'une soupape qui s'ouvre lorsque le niveau est atteint, ce qui produit un sifflement désagréable). Ces compresseurs possèdent un régulateur de pression permettant de travailler plus précisément et ainsi de réaliser des camouflages compliqués. Ils sont refroidis par huile mais celle-ci dure assez longtemps et ne vous coûtera donc pas trop cher. On peut en trouver chez Castorama et Leroy Merlin entre autres.

[u]Mon choix

Finalement, j'ai fait un compromis et je me suis acheter le plus petit compresseur industriel que j'ai trouvé (190FS soit ~125€) parce que les silencieux étaient tout de même trop cher pour mon portemonnaie d'étudiant (avant que j'en vois un à 200€ !). Il est à débit variable et possède en outre une cuve de 6 litres. De plus, celui-ci, avec sa grande capacité et pression max. (8 bar), ne se limite pas à l'utilisation maquettiste ! J'ai néanmoins choisi un compresseur trop bruyant (80 DB) mais de toute manière, avec sa cuve de 6l, il ne se recharge que de temps en temps. Malheureusement, il n'était pas équipé de manomètre prècis, alors mon père lui a ajouté un mano-filtre à eau.

Autre possibilité si vous êtes bricoleur : fabriquer son compresseur silencieux (par Jean Faury)

Techniques de base

Ce chapitre portera sur la pression et la dilution des peintures. Premièrement, plus la peinture sera diluée plus basse pourra être la pression, et plus celle-ci est basse, plus votre trait sera précis et fin. Si votre peinture n'est pas assez diluée, il y aura des crachotis et des projections hors de la zone à peindre voire même, l'aéro se bouchera.

Mais alors, quel pourcentage de diluant faut-il mettre ? Eh bien, cela dépend des marques, des couleurs et des lustres (mat, brillant, satin) et bien sûr de l'effet recherché. Je dilue en moyenne 30 à 50% mes peintures, les couleurs clairs (jaune, blanc,...) sont en général à diluer un peu moins et les peintures brillantes, plus épaisse, à diluer plus. Vous remarquerez également que plus la peinture sera diluée plus elle sera translucide, il vous faudra alors passer plusieurs couche. Ne la diluez alors tout de même pas excessivement. Par contre, ce fait peut être utilisé afin d'obtenir des effets de patine : salissures, traces d'échappements,... La dilution peu alors aller jusqu'à 80-90%. Comme vous l'aurez sans doute compris, la dilution n'est pas une notion facile et vous l'assimilerez avec l'habitude ; en bref, la peinture une fois diluée doit avoir la consistance et l'opacité du lait.

Remarques : Une peinture sortant du pot est presque toujours trop épaisse pour l'aéro! Pour savoir quel diluant utiliser, référez-vous au pot ou ici.

Comme je l'ai dit plus haut, plus la pression est basse, plus votre travail pourra être précis. Cependant, la pression et la dilution vont de paire : si la pression est basse mais que votre peinture n'est pas suffisamment diluée, il y aura des crachotis ou l'aéro se bouchera. Pour peindre une couleur unie, un verni ou un apprêt, utiliser une pression entre 1,5 et 2,5 bars et peignez à une distance d'environ 10cm. Par contre, pour créer un camouflage difficile (mouchetis, "vermicelles", salissures,...), utilisez une pression plus basse (1 bar voire moins) et rapprochez-vous de la maquette. Il m'est arrivé de peindre avec l'aéro à quelques millimètres de la maquette ! Vous pouvez légèrement moduler la pression directement sur un aéro double action, mais la pression sera essentiellement réglée grâce à un manomètre-régulateur dont la plupart des compresseurs disposent.

Finalement, si vous parvenez à bien ajuster pression et dilution, vous obtiendrez une peinture fine et lisse et pourrez effectuer des détails compliqués. Cependant ne vous inquiétez point du tout si ces histoires vous dépassent, vous y arriverez avec le temps et l'expérience! Patience!

Techniques plus avancées

En fait, ces techniques sont plus avancées pour moi parce que je ne suis pas encore un champion de l'aéro (lorsque j'écris ces lignes j'ai un aéro double action depuis moins d'un an !) mais elles ne le seront peut-être pas pour un pro, ce sont des techniques que je commence à maîtriser. Je vais parler des camouflages multi-tons, de la peinture dite "rapprochée" et de "problèmes" divers.

Les camouflages multi-tons :

Il vous faudra travailler de la teinte la plus claire à la plus foncée afin d'éviter les problèmes d'opacité des teintes. Certains camouflages ont des teintes séparés nettement, il vous faudra dans ce cas utiliser des masques. Toutefois, la majorité des camouflages ont les bords des teintes plus ou moins fondus. Si vous disposez d'un bonne aéro et que vous vous en sentez capable, vous pouvez peindre ce type de camouflage à main levée. Pour cela, diluez un peu plus vos teintes que celle de base et travailler à ~1 bar et en tenant l'aéro à quelques centimètre de la maquette. Suivez alors les contours de la teinte préalablement tracés légèrement au crayon puis remplissez la zone par de petits mouvements circulaires. Pour que votre camouflage soit réussi, il ne faut pas qu'il y ait de projections en dehors de la zone peinte.

Vous pouvez également peindre ces camouflages à l'aide de masques. Afin que les teintes soient tout de même fondues, il faudra légèrement surélever les masques avec de petits bouts d'adhésif roulés entre vos doigts (plus ou moins surélevés selon le fondu souhaité). Faites simplement attention de toujours vaporiser perpendiculairement au masque pour que le jet de peinture ne s'infiltre pas sous le masque. Cette technique permet l'utilisation d'un aéro simple action mais elle sera compliquée et longue à réaliser si les surfaces à peindre sont tortueuses

La peinture "rapprochée" :

La nécessité de cette technique apparaît lorsque vous devez peindre des mouchetis ou des "vermicelles" allemands par exemple. Vous travaillerez alors avec des couleurs très diluées et une pression la plus basse possible (1 bar maxi). Vous pointerez l'aéro à quelques millimètre de la surface à peindre. Un aéro double action est ici à mon avis indispensable. Il est très important d'avoir une peinture très diluée non seulement afin de permettre une basse pression mais ceci minimisera également les "dégâts". En effet, il vous faudra insister un petit instant au même endroit pour obtenir une trace distincte, par conséquent, si vous vaporisez un peu à côté, la couleur se fondra à la teinte de base. Lors de cette étape, il vous faudra couramment faire un "petit nettoyage" de l'aéro, qui s'encrasse assez rapidement en travaillant rapproché. Vaporisez pour cela un peu de diluant.

Problèmes divers :

Tout d'abord, afin d'éviter que le jet de peinture n'emprisonne de la poussière et que votre surface ne soit pas lisse mais rugueuse (un de mes grands problèmes) nettoyer toujours les surfaces à peindre avec un chiffon doux imbiber d'alcool à brûler avant de commencer. Il vous sera toutefois parfois nécessaire de poncer très légèrement les surfaces entre deux couches de peinture (une fois bien sèche).

En règle générale, il existe plusieurs taille de buses pour votre aéro, pour des travaux plus ou moins fins, mais mon aéro ne disposant malheureusement pas de pièces optionnelles (je n'en connais pas la marque). Je ne parlerai donc pas du choix de ces buses.

Entretien

Et oui, un aéro est un outil fragile, précieux et onéreux ; il vous faudra donc le bichonner après chaque séance d'utilisation et même pendant celle-ci si nécessaire. En effet, l'aire passant autour de l'aiguille (double action) à tendance à sécher la peinture qui va s'y accumuler.

1° Travaillez dans un local bien aérer voire à l'extérieur et il est même vivement conseiller de porter un masque, ceci même lors de l'utilisation normale de l'aéro à cause des diluants nocifs !

2° Récupérez l'excédent de peinture du godet et nettoyez-le (essuie-tout et diluant).

3° Vaporisez du diluant pur (nocif donc) à ~2,5 bars en appuyant la tête de l'aéro sur un chiffon blanc jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de traces de peinture. Lors de cette opération, éviter de créer une brume de diluant et surtout ne la respirer pas!

4° Démontez les parties sensibles de l'aéro (surtout buses et aiguilles) et nettoyez-les très consciencieusement.

Buse : laissez-la tremper dans du diluant puis enlever les derniers résidus (pour cela je passe à l'intérieur un bout d'essuie-tout torsadé).

Aiguille : Attention, elle se tord facilement et assure la finesse du trait. Faites-la rouler à plat sur un chiffon imbibé de diluant. Vous pouvez ensuite la polir doucement à la laine d'acier ultra-fine.

5° Vérifiez bien l'état de propreté de toutes les parties (également l'intérieur de l'aéro ainsi que le conduit menant au godet !) et remonter l'aéro pour la prochaine utilisation.

Il vous faudra bien évidemment procéder par ces étapes à chaque changement de couleur !

Cette besogne est longue et fastidieuse (j'y passe certaine fois 45min pour 15min de peinture) mais est essentielle à la durée de vie de l'aéro et à la conservation de ses capacités du premier jour![u]